© Photo d'Ormano
presseedition.fr 02/02/2022
Après une riche carrière dans les médias audiovisuels, la presse grand public, notamment la presse hippique, en 2011, vous vous portez acquéreur du groupe Option Finance et plus récemment de La Tribune de l'assurance. Pourquoi avez-vous choisi de devenir indépendant et éditeur de presse spécialisée?
Jean-Guillaume d'Ornano : C’est ma deuxième aventure d’entrepreneur, la première ayant été dans la presse hippique où j’ai créé le groupe Turf Edition avec le fond de Private Equyity Montagu en rachetant une dizaine de titres dont Paris Turf, Bilto, Tiercé Magazine, Paris Courses ou encore Week End. Ce fut une aventure formidable, très différente de celle avec Option Finance et la Tribune de l’assurance car une partie des journaux allaient mal et il a fallu restructurer ce nouveau groupe avant d’en faire une entreprise de presse très rentable. Le groupe Option Finance – News Pro est plus petit mais toutes ses activités sont rentables, que ce soit ses activités classiques de presse ou les activités hors print comme le web, les conférences, les études ou encore l’agence de contenus. Ce qui m’a séduit, c’est qu’il y avait tout à faire à partir d’une très bonne base et d’une belle marque, et une équipe qui avait envie d’aller de l’avant. Le magazine Option Finance existait en format papier uniquement, sans déclinaison web, ni événementielle ou servicielle. En 10 ans, nous avons créé 2 nouveaux magazines pour les communautés de l’asset management et du droit, racheté La Tribune de l’assurance pour servir la communauté de l’assurance, créé une dizaine de newsletters, développé un pôle de conférences avec aujourd’hui une trentaine de manifestations, créé un portail web unique du chiffre, du droit, de la gestion d’actifs et de l’assurance, développé l’activité de contenus pour tiers, lancé des études pluriannuelles pour servir nos communautés... D’une simple activité de presse papier nous sommes passés à un animateur de communautés multidisciplinaire dont le poids du hors print est maintenant majoritaire –environ 60% de CA du groupe se fait hors papier.
Comment avez-vous fait bénéficier le Groupe Option Finance de vos différentes expériences dans les grands groupes médias?
Jean-Guillaume d'Ornano : Malgré toute ses qualités, Option Fiance n’avait aucune expérience ni vision de développement numérique ou serviciel . Il y avait un projet web mais qui n’avait jamais abouti et rien de plus. Mais l’idée de « communauté » était très forte, autour des directeurs financiers, des trésoriers, des investisseurs institutionnels. Seulement, l’entreprise ne savait pas comment servir ces différents acteurs via le web. L’expérience de développement web des verticales du groupe Figaro, dans une dimension bien plus modeste pour nous bien sûr, a été fondamental pour le développement numérique du groupe Option Finance - News Pro. De même l’approche de création de base de données numérique via la création de newsletter, là encore un savoir-faire du groupe Figaro, a été essentiel pour monter nos premiers événements et trouver des participants.
Comment se porte aujourd'hui le secteur de la presse économique et financière ? A l'heure du tout numérique quelle place occupe aujourd'hui cette famille de presse dans le monde des médias?
Jean-Guillaume d'Ornano : Il est difficile de répondre à votre question car la presse économique et financière est un secteur assez disparate. Il y a la presse grand public, dont les Echos est l’incontournable leader ; ce titre se porte aujourd’hui bien et a renoué avec les bénéfices. Dans cette famille, les titres exclusivement financiers qui suivent le marché pour des lecteurs investisseurs individuels sont en revanche moins bien logés : la disparition de la publicité financière papier les a beaucoup touchés et il n’y a pas vraiment de modèle web rentable, car on trouve beaucoup d’informations gratuites sur des sites comme Boursorama ou tout simplement sur Google. Les titres sur des communautés professionnelles spécialisées, comme nous, avec un contenu de qualité, des lecteurs abonnés comptabilisables et des marques fortes sur des populations ciblées s’en sortent mieux. Aujourd’hui toutefois, la demande numérique a explosé et les fondamentaux sont en train de changer. Peu de groupe de presse spécialisés auront les moyens de financer leur transformation. Ceux qui la débutent aujourd’hui auront beaucoup de difficultés à répondre aux nouveaux besoins de leur lecteurs. Nous pensons être bien positionnés pour bénéficier de cette révolution de notre secteur.
Quelle stratégie numérique avez-vous mise en place dans le groupe pour vos différents titres?
Jean-Guillaume d'Ornano : Nous avons choisi de créer un portail web unique pour l’ensemble de nos titres que nous venons de refondre. Nos communautés regroupent des professionnels dont les activités sont souvent connexes : directeurs généraux finance, directeurs financier, directeurs juridique, assureurs, avocats, gestionnaires de fonds, managers de risque, etc… Ces métiers se parlent entre eux et travaillent souvent ensemble. Il nous a paru cohérent de permettre à un lecteur d’Option Finance de pouvoir surfer sur la verticale de la Tribune de l’assurance ou de Funds Magazine ou encore d’Option Droit & Affaires. Nous suivons leur comportement via l’outil Qiota ce qui nous permet de leur faire des propositions d’abonnements adaptées. Nous avons aussi développé un outil qui permet à des entreprises de proposer l’accès numérique à nos revues via leur Intranet sans avoir besoin de monter des comptes spécifiques pour leurs collaborateurs : ce nouveau type d’abonnement sous forme de licence démarre très bien. Nous avons aussi investi dans l’outil SWYP afin de permettre à nos rédactions de publier en Web First ; nous démarrons tout juste et nous irons petit à petit, en gardant certainement une partie du contenu pour une publication simultanée print et web. Les lecteurs ont pris l’habitude ces deux dernières années de consommer leur information quand ils le souhaitent, selon leurs besoins ou envies, et pas selon des règles de bouclage papier. C’est à cela que nous devons nous adapter si nous voulons rester pertinents.
Votre actualité?
Jean-Guillaume d'Ornano : Notre actualité immédiate est le lancement d’une grande manifestation intitulée "Time to change : le Forum Climat, Énergies et finance durable". Du fait de la situation sanitaire, nous venons de la reporter de début février au 23 et 24 mars. Cette conférence se déroule à Deauville et s’annonce comme un grand succès. Son objectif est de mettre en lumière ce qui se fait, dans le cadre de la transition énergétiques et des problématiques de changement climatique, par les entreprises et les collectivités locales ; comment ces projets, ces chantiers sont financés ; et comment les investisseurs structurent et organisent ces financements. Le programme est passionnant et nous sommes très fiers de cette manifestation que nous avons créée.
Président du SPEJP depuis 2017 et membre du Comité directeur de la Fédération Nationale de la Presse d’information Spécialisée (FNPS) depuis 2014, a été réélu Président du SPEJP pour un nouveau mandat de 2 ans, lors du Comité directeur du Syndicat qui s'est tenu le vendredi 3 décembre 2021. Quel est le poids du SPEJP dans le monde des médias et quel est votre programme en tant que Président pour les deux prochaines années?
Jean-Guillaume d'Ornano : Le SPEJP, Syndicat de la presse Économique, Juridique et Politique, est l'un des sept qui compose la Fédération nationale de la presse spécialisée (FNPS). Il regroupe plus de 300 publications et 70 services de presse en ligne qui diffusent 41 millions d'exemplaires par an, et emploient 2.500 salariés dont plus de 500 journalistes qui, avec l'aide de nombreux auteurs, suivent, commentent, analyses l'actualité juridique, économique et politique de notre pays. La presse spécialisée dans son ensemble compte quant à elle 13.500 salariés, soit près d’un quart des salariés de la presse, dont 4.800 journalistes disposant d’une carte de presse, là encore, près de 25% des 21.000 journalistes que compte de la presse écrite.
Nous avons un grand chantier en ce moment autour des droits voisins, obtenus de haute lutte lors de l’adoption de la directive sur le droit d’auteur d’avril 2019, la France ayant été le premier pays en Europe à avoir transposé dans sa législation interne ces nouveaux droits de propriété intellectuelle par l’intermédiaire de la loi du 24 juillet 2019. Les négociations avec Google ont démarré il y a peu de temps, même si nous discutions depuis un moment avec eux. Avec la Fédération Nationale de la Presse d´Information et le Syndicat des Éditeurs de la presse Magazine (SEPM), nous venons de créer avec la société des Droits Voisins de la Presse (DVP) qui sera le premier organisme de gestion collective en France dédié à la gestion des droits voisins des éditeurs et agences de presse. J’y participe activement, siégeant à son comité de surveillance.
Un autre sujet qui nous préoccupe est celui de l’Open data et l’Open access des décisions de justice. Ce sujet technique est une grande problématique car le texte adopté dans le cadre de la politique d’Open data des données publiques est de nature à remettre en cause la faculté des éditeurs juridiques à recevoir le flux intègre des décisions de justice. Le projet de décret d’application est en cours de rédaction, nous travaillons pour obtenir de l’État certaines assurances et aménagements pour ne pas créer entre autres de trop grandes distorsions de concurrence.
Sur ces deux sujets, l’année à venir sera un combat.
Enfin nous nous sommes associés avec la FNPS avec le cabinet ECOGRAF pour la création d’une calculette d’empreinte carbone disponible pour l’ensemble de nos adhérents. Cet effort de transparence de nos éditeurs démontre bien l’attachement et l’engagement de notre famille de presse pour développer l’information consacrée aux questions environnementales dans tous les domaines de l’activité professionnelle.
A propos de Jean-Guillaume d’Ornano
Né le 27 février 1969, est titulaire d’un DEA droit de la Propriété littéraire et artistique (Paris I Panthéon) et d’un MBA d’Harvard University.
Après dix ans aux Etats Unis dans la presse (Groupe Figaro), la banque d’affaires (Alex Brown & Sons) et la gestion de fonds alternatifs (EIM), il revient en France en 2003 afin de prendre la direction générale des titres Paris Turf et Week End, filiales du groupe Figaro (Groupe Hersant).
En 2005, il participe au LBO sur ces titres et fusionne le groupe Paris Turf avec les Editions en Direct (Editeur de Tiercé Magazine, Bilto, Paris Courses…) et ID Editions (Editeur de la Gazette des courses, …), créant ainsi le groupe Turf Editions, leader de la presse hippique en France.
En 2009, il quitte ce groupe qu’il avait créé pour prendre la direction générale de TV Magazine (Groupe Figaro) qu’il fusionne avec TV Hebdo (Groupe Lagardère), donnant naissance ainsi au premier magazine d’Europe avec plus de 7 millions d’exemplaires et 20 millions de lecteurs. En 2009, il rachète le Particulier pour le Figaro et prend parallèlement à TV Magazine la direction générale du Pole Bourse Patrimoine du Groupe Figaro (Le Particulier, Le Journal des Finances, Wansquare…).
En 2010, il prend la direction générale déléguée des activités industrielles du Groupe et est nommé en parallèle directeur général du pole Féminin (Madame Figaro) pour lequel il lancera Madame Figaro Pocket. Il entre au comité exécutif du Groupe Figaro.
En juin 2011, il rachète le groupe Option Finance, groupe de presse professionnel leader sur le secteur des directions financières.
Parallèlement à ses activités professionnelles, Jean-Guillaume d’Ornano a été Trésorier du Syndicat de la presse quotidienne (SPQN) de 2005 à 2008, Secrétaire général du SPEJP depuis 2009 dont il est Président depuis 2017. Il est au Comité directeur de la FNPS. Il est aussi président du Jury pour le premier film français au festival du film Américain de Deauville depuis 1992.
A propos du groupe Option Finance
Dirigé par Jean-Guillaume d'Ornano, Président Directeur général et Directeur de publication, le Groupe Option Finance édite quatre magazines : Option Finance (hebdomadaire), Funds (Mensuel), Option Droit & Affaires (Lettre hebdomadaire et Magazine bi-mensuel) et La Tribune de l’assurance (Mensuel) et développe aussi une agence de presse spécialisée AOF, une vingtaine de conférences et évènements, ainsi qu’un service de production et de diffusion de vidéos pour les communautés de la Finance, du Droit et de l’Assurance.